Biographie

Michèle Nguyen
en bref

Michèle Nguyen est née en Algérie
d'un père vietnamien et d'une mère belge,
elle a grandi en Belgique.
Formée à l'école internationale de théâtre Lassaad (Bruxelles),
dont la pédagogie privilégie
le mouvement et l'émergence de l'acteur-créateur,
elle va très vite trouver sa place dans le monde des conteurs.
Encouragée par le public et par différents prix,
elle développe depuis 1996,
de spectacle en spectacle, une gestuelle,
une écriture et un univers très personnels
basés sur l'intime.
L'épure est sa quête.
 
"Cela fait 20 ans que je raconte, il y a 20 ans que j’écris.
Je n’écris que pour dire, je n’invente rien,
je trempe ma plume dans le quotidien.
Mes histoires parlent du monde dans lequel je vis,
des gens que je côtoie ou que je croise
et surtout de ceux qui sont capables de transformer
l’insupportable en vivable
et le banal en merveilleux.
Ce sont les perles du langage qui me fascinent surtout,
cette poésie à fleur de peau
qui surgit sans qu’on s’y attende.
Oui, c’est cette poésie vitale et éphémère
que j’ai envie de préserver et de partager.
Je crois au pouvoir des mots
tout comme je crois au pouvoir des gestes,
à leur pouvoir de nous transformer goutte-à-goutte.
Pour moi écrire et raconter ne font qu’un,
écrire est ma seule manière de parler vraiment.
J’écris comme je raconte et je raconte comme j’écris,
c’est comme un plongeon, un corps à corps avec la vie,
l’instant présent."

Michèle Nguyen
en long et en large

Le parcours de Michèle Nguyen oscille entre parole et silence.
Après des études de psychologie, elle va plonger durant deux ans dans l'univers des sourds muets.
Révoltée par l'absurdité du système institutionnel,
et se sentant quelque peu décalée,
elle reprend des études de théâtre « classique ».
Après une année, où l'on tente, en vain, de la modeler en « jeune première » tchekhovienne,
elle se ré-oriente vers une école de théâtre dont la pédagogie est basée sur le mouvement
et qui privilégie l'acteur-créateur.
Moment clé. Elle va non seulement y trouver un maître : Saidi Lassaad,
un guide précieux: Alberto Garcia Sanchez,
mais aussi, son moyen privilégié d'expression : le solo.
L'école est privée.
Afin de pouvoir payer les cours, Michèle Nguyen, durant ses heures libres,
devient modèle pour un sculpteur.
Elle apprend tout autant l'immobilisme vivant que l'écoute palpitante.
De séance en séance, le sculpteur se raconte. Son enfance, sa triste enfance.
A la sortie de l'école, quelques auditions où chaque fois la conclusion sera la même :
«Votre présence est intéressante mais dommage que le travail du texte soit si faible !! »
Michèle Nguyen se dit qu'elle ne va pas passer sa vie à entendre cette remarque judicieuse.
Elle décide de créer son premier solo : TARA.
L'histoire d'une couturière fanatique de « Autant en emporte le vent »
et secrètement amoureuse d'un chauffeur de taxi
qui chaque samedi soir vient la chercher à son atelier pour la reconduire chez elle.
Laurence Vielle guide ses premiers pas dans l'écriture
(elle notait tout ce que je disais, mes commentaires sur ce que j'avais écrit, et toute cette matière est devenue le texte du spectacle).
Décembre 1995, le spectacle est programmé deux semaines aux Écuries de la maison haute,
dans le cadre des Scènes d'humour de la Vénerie (Bruxelles).
Le spectacle n'est pas vraiment drôle.....
Il est descendu en flèche par la seule journaliste venue y assister...
Heureusement, le directeur du théâtre, Mirko Popovitch,
est d'un naturel positif époustouflant.
Il lui déclare qu'elle n'est pas vraiment douée pour l'humour mais par contre,
elle est dans la lignée des grandes conteuses.
(Cet encouragement reste une énigme pour moi, s'étonne t-elle encore aujourd'hui.
Le spectacle était une telle catastrophe....)
Quelques semaines plus tard, sa mère meurt subitement.
Michèle Nguyen se remet à écrire
(« l'écriture coulait, magique, et séchait mes larmes », dira-t-elle)
et, grâce à l'aide d'Alberto Garcia Sanchez,
elle présente « Phil le taxi» dans le « off » du festival du conte de Chiny.
Spectacle qui raconte l'histoire d'un chauffeur de taxi
dont l'enfance fut si triste et dont le rêve était de devenir poète.
(« Je voulais écrire une histoire « écrin » pour un poème de ma mère.
Celui qu'elle m'avait dicté par téléphone un soir de désespoir alors que j'écrivais TARA »)
Nous sommes le 14 juillet 1996 (J’ai trouvé ma place!, inscrira-t-elle en rouge dans son agenda).
La conteuse Claudie Obin (conteuse originaire de Grenoble) est dans la salle.
Enthousiaste.
Grâce à son appui, Michèle Nguyen se retrouve un an plus tard parmi les plus grands noms du conte
(Pépito Matéo, Muriel Bloch, Mimi Bathélémy,...),
au Festival des arts du récits de Grenoble.
(Comme parachutée, se souviendra-t-elle. J
e ne connaissais rien au conte et encore moins aux conteurs.
Ils me parlaient tous de répertoire et moi, je n'avais qu'une demi-heure, en tout et pour tout.
Une simple histoire d'amour ».)
Petit à petit, la demi heure s'allonge
et devient « Le vent n'est pas tout seul dans l'air ».
Le texte recevra un prix d'encouragement à l'écriture
de la Communauté Française de Belgique.
Désormais, chaque année,
guidée par Alberto Garcia Sanchez à la mise en scène,
un nouveau spectacle sera créé.
(« A celui qui fait valser mes nuits », « Là où l'on ne voit plus que le ciel », »Nima »)
En 1999, elle remporte le Grand prix des conteurs à Chevilly-Larue.
Programmée au Théâtre de l’Européen à Paris,
dans le cadre d'une représentation collective de conteurs,
elle est remarquée par Jean Boilot, conseiller artistique de la Scène Nationale de Poitiers,
et du festival Court toujours.
Programmée dans ce dernier,
elle fera la rencontre de Denis Garnier, directeur de la Scène Nationale de Poitiers.
Rencontre précieuse.
Tant au niveau humain qu'au niveau professionnel.
Denis Garnier va non seulement programmer trois de ses spectacles,
mais aussi lui proposer son soutien
pour une création future de plus grande envergure.
L'offre est lancée.
Quelques années se passeront avant que Michèle Nguyen ne l'attrape.
L'an 2000, sera un autre moment clé dans son chemin.
Elle accepte pour la première fois de raconter des contes traditionnels,
suite à une commande pour une exposition sur la Chine. « La murmureuse » voit le jour.
(« Avec ce spectacle,
j'ai compris combien les mots étaient bien plus puissants que les murs», expliquera t-elle.)
La murmureuse sera programmé au Théâtre de la Vie à Bruxelles
(Théâtre qui va accueillir toutes ces créations.
Le directeur, Herbert Rolland, jusqu'à sa mort en juillet 2010, l'encouragera et la soutiendra.)
Pour la promotion de cet événement, elle rencontre lors d'une interview radiophonique,
celui qui deviendra son compagnon et le père de sa fille.
La conception de celle-ci marque un tournant décisif dans son écriture.
A partir de cet instant, c'est sa propre vie, présente et passée,
qui devient son terrain de jeu et d'investigation.
(Là où il y a eu quelqu'un, 2002, édité aux Editions Lansman)
Forte de son ventre tout rond,
Michèle Nguyen prend rendez-vous avec Denis Garnier (directeur de la Scène Nationale de Poitiers)
et lui propose de l'accompagner sur un projet autour du Vietnam.
Denis Garnier est enthousiaste et propose de co-produire le spectacle. Un voyage au Vietnam se profile. Il sera le thème du spectacle.
En janvier 2003, sa fille, Amalia naît.
En décembre, la famille s'envole vers le Vietnam. Voyage intense.
Son compagnon, Didier Mélon, capte les sons. Matière riche qui composera le décor sonore. Michèle Nguyen rencontre Huong, jeune danseuse qui va lui enseigner les pas de base de la danse traditionnelle vietnamienne. Rencontre-clé qui deviendra l'axe du spectacle.
A leur retour, en janvier 2004,
le spectacle « Amadouce » est créé
(spectacle retraçant les neuf mois de grossesse)
au Théâtre de la Vie. (Texte édité aux Editions Lansman)
Un an plus tard, en janvier 2005, « A quelques pas d'elle » est créé à la Scène Nationale de Poitiers.
Ce spectacle va marquer un tournant important.
Grâce à lui, elle pourra participer au Festival off d'Avignon (Théâtre des Doms),
voir s'ouvrir les portes du Tarmac (Paris)
ainsi que différentes scènes nationales.
En septembre 2007,
elle reçoit le manuscrit d'un récit écrit par Lise Bonvent : Sans jugement. L'auteur, juge des enfants, y relate certaines rencontres qui l'ont marquée. Touchée par la densité humaine de ce livre, et interpelée par la question sous-jacente : pourquoi suis-je devenue juge?, Michèle Nguyen décide d'en faire une adaptation théâtrale. Une première étape de travail se fait avec l'aide de René Georges. Grâce à lui, elle découvre l'importance du travail du texte, sa rigueur indispensable.
Durant tout le travail d'adaptation, qui fut très long, ainsi que celui d'interprétation, deux questions s'imposent en elle : « pourquoi suis-je devenue conteuse? » et : « si moi, je me retrouvais face à ces enfants en perte de tout, qu'est ce que je leur raconterais? » « Ma soeur, ma juge » sera créé en décembre 2008. Ce spectacle, bien qu'il n'ait pas reçu un accueil enthousiaste en France, fut capital dans son parcours. La possibilité de raconter aux enfants, chose tout à fait exclue jusqu'à présent, fait doucement sa place parmi ses projets. Elle ose plonger dans sa propre enfance. Une ébauche de spectacle : une petite fille maladroite qui rêve de devenir danseuse. L'envie de s'accompagner d'une marionnette se profile timidement.
En juin 2009, elle propose à My Linh Bui de diffuser son spectacle.
Celle-ci, intéressée depuis quelques années
par la démarche de l'artiste sur ses racines asiatiques, accepte. Elle rencontre son mari Alain Moreau (Tof Théâtre) à qui elle confie son projet. Celui-ci l'encourage dans cette voie. Lui propose de l'accompagner. Très vite, le texte sera écrit, la marionnette élaborée. Parallèlement au travail subtil de mise en scène d'Alberto Garcia Sanchez, différentes lectures seront organisées par My-Linh Bui en France et en Belgique devant des programmateurs essentiellement « jeune public ». Le texte touche. Une tournée s'organise.
L'équipe du Collectif Travaux public qui produit Michèle Nguyen depuis ses débuts se consolide afin de mener à bien le projet.
L'équipe de la Montagne Magique (théâtre pour jeune public à Bruxelles, qui suit et encourage depuis plusieurs années la démarche de Michèle Nguyen et a programmé la plupart de ses spectacles) propose sans hésiter son lieu pour des bancs d'essai devant des jeunes spectateurs. Étape précieuse qui permettra d'évaluer l'âge des enfants à qui adresser le spectacle. (« Jamais je ne me suis sentie autant accueillie. La Montagne Magique est un lieu unique, dont je comprends chaque fois plus l'importance vitale. C'est un lieu pour naître et renaître. Tu es attendue.»)
Vy sera présenté en avant première à Mons (la ville où a grandi Michèle Nguyen et où elle n'avait jamais été invitée) dans le cadre du Festival au Carré, et créé en septembre 2010 au Théâtre de la Vie, deux mois après la mort de son directeur, Herbert Rolland. (« Je me suis rendue compte ce jour-là, que je venais de perdre un père »).
En avril 2011, Michèle Nguyen reçoit un appel étonnant : « le spectacle VY est nominé pour les Molières 2011 en catégorie jeune public ». Le choc est grand. Elle doit se préparer à affronter un public de 1000 personnes. Préparer ses mots. Son discours...
Merci à....Elle se retourne vers son passé et là, le vertige. Tant de personnes à qui exprimer sa gratitude. Ce spectacle est le résultat de tant de coups de pouce qu'elle a reçus depuis 14 ans, et le temps accordé n'est que de 2'30. Une semaine plus tard, elle emporte le Molière dans sa petite valise. A présent, il est sur sa cheminée. Auprès de la photographie d'Herbert Rolland. « C'est étrange parce que la première compagnie de théâtre qui vint dans mon école quand j'avais 14 ans, jouait « Le médecin malgré lui ». Cette compagnie était la sienne. C'était la première fois que je voyais du Molière. La dernière fois que j'en ai vu, c'était il y a 3 ans, au Théâtre de la Vie. C'était « Don Juan » mis en scène par Herbert Rolland... Je ne peux m'empêcher de voir, dans ce Molière que j'ai reçu, un clin d'oeil céleste, car Herbert a été tout autant vital pour le Jeune public en Belgique que pour moi, dans ma vie. Il avait confiance en ma démarche. Il était fier de moi, je crois. Tous mes spectacles ont été accueillis dans son théâtre. »
Fin provisoire.....j'espère.
 
 

Spectacles de Michèle Nguyen...

1995 : Tara 
1996 : Phil le taxi 
1997 : Le vent n’est pas tout seul dans l’air 
1998 : À celui qui fait valser mes nuits 
1999 : Là où l’on ne voit plus que le ciel 
2000 : La murmureuse. Nima 
2002 : Là où il y a eu quelqu’un
2003 : Ha 
2004 : Amadouce 
2005 : A quelques pas d’elle 
2008 : Ma Sœur, Ma Juge 
2009 : Mighelina 
2010 : Vy

Michèle
Nguyen

Ecrivain - Conteuse